Methodologie Argumentation Structurée

 

Sujet d’exemple : Rédigez une argumentation qui permette de répondre à la question suivante :


La réduction de la dette publique peut-elle contribuer à la relance de l’économie ?

Annexes :

Annexe 1 : Taux de croissance du PIB réel.

Annexe 2 : Dette publique brute en % du PIB.

Annexe 3 : Trop de dette […] tue la croissance.

Annexe 4 : Parfois, dette et croissance vont de pair.

Annexe 5 : Austérité ou relance, comment choisir ?

eco argu pondichery 2016
eco argu pondichery 2016


Annexe 3 : Trop de dette […] tue la croissance

Une série de travaux [de recherche] n’a pas permis d’établir de causalité entre niveau de la dette publique et croissance.
Pourtant, les arguments théoriques en faveur d’un tel lien restent pertinents : une dette plus élevée conduit à une plus forte taxation, ce qui décourage le travail et l’innovation, à une réduction de l’investissement public et à un détournement de l’épargne privée, ce qui réduit aussi l’investissement privé. De plus, si le niveau de la dette publique accroît le risque perçu de défaut de l’État, cela peut provoquer une crise de liquidité sur les marchés financiers accompagnée d’une hausse massive des taux d’intérêt dommageable pour la croissance.

Source : L’Économie mondiale 2014, CEP//

Annexe 4 : Parfois, dette et croissance vont de pair

Nous montrons […] que la relation entre dette publique et croissance n’est pas linéaire. A certains moments, un surcroît de dette publique est associé à moins de croissance, mais à d’autres moments, plus de dette est associé à plus de croissance.
[…] Nous avons montré que les pays qui dépassent un ratio de 115% de dette sur PIS n’ont pas en moyenne un taux de croissance inférieur à ceux qui sont entre 60 et 90%. Ce sont là des résultats établis sur la période 1945-2009. […] Sur la période 1880-2009, des pays comme la France, l’Italie, le Canada ou le Royaume-Uni ont connu des périodes associant des dettes publiques supérieures à 130% et une croissance soutenue.

Source : Libération, entretien avec A. Parent, Économiste, 6 mai 2015

Annexe 5 : Austérité ou relance, comment choisir ?

Pour diminuer le poids de sa dette par rapport à son PIS, un État peut mener soit une politique d’austérité, soit une politique de relance, en faisant varier ses dépenses et ses impôts.
Pour certains économistes, […] l’État devrait donc mener une politique de relance, c’est-à­dire augmenter ses dépenses pour augmenter son PIS.
Par exemple : un État paie une entreprise 100 000 € pour construire une école, il creuse donc sa dette de 100 000 €. Sur les revenus versés par l’entreprise à ses salariés ou ses fournisseurs, 20% seront épargnés et 80% seront consommés pour acheter des biens ou des services, soit 80 000 € de dépenses supplémentaires. Sur ces 80 000 € dépensés, 20% seront épargnés et 80% seront dépensés, soit
64 000 € de dépenses supplémentaires dans l’économie.
Ce processus d’épargne et de dépenses va continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de revenus à épargner ou à dépenser. […] L’augmentation des dépenses publiques et donc de la dette a entraîné une augmentation des dépenses privées et a conduit à une augmentation encore plus forte du PIS de l’État : sa dette a augmenté moins vite que son revenu.
Pour d’autres économistes, […] lorsqu’un État augmente ses dépenses, les ménages subissent ou redoutent l’augmentation des impôts. Ils vont donc préférer épargner leur supplément de revenus plutôt que le dépenser. Cet argent ne sera pas réinjecté dans l’économie, et l’augmentation des dépenses publiques conduira à une baisse ou à une augmentation moins forte des dépenses privées : la dette de l’État augmentera alors plus vite que son revenu. L’État devrait donc suivre une politique d’austérité, c’est à dire baisser les dépenses publiques et/ou augmenter les impôts. […]

Source : Site Dessinemoileco.com

CORRIGE

AXE 1: La dette publique freine la croissance

Argument n° 1 (annexe 3 + connaissances)
Il faut réduire la dette publique car une dette publique plus élevée conduit à une plus
forte taxation. Celle-ci décourage le travail et l’innovation.
Une dette publique élevée conduit à payer plus d’intérêts. Ce qui réduit l’investissement public.
Une partie de l’épargne privée est utilisée pour financer la dette publique, ce qui réduit aussi l’investissement privé (effet d’éviction).
De plus, si le niveau de la dette publique accroît le risque de défaut de l’État, ce qui provoque une hausse des taux
d’intérêt dommageable pour la croissance.
Exemple:. Grèce

Argument n° 2 (annexe 3)
Le financement de la dette publiquedétourne une partie des capitaux disponibles pour l’investissement privé

Argument n° 3 (connaissances)
Un niveau de dette publiquetrop élevé génère une charge des intérêts de la dette trop importante au regard du budget de l’Etat. En France, les intérêts de la dette sont le 2ème poste de dépenses du budget. Ce qui rend nécessaire la mise en œuvre
d’une politique d’austérité.

AXE 2: La dette ne freine pas la croissance
Argument n° 1 (annexe 4)
Il n’y a pas de lien avéré entre niveau de dette publique et croissance. Un niveau élevé de dette publique n’est pas toujours incompatible avec une forte croissance.

Argument n° 2
(annexe 5 + connaissances)
L’État peut s’endetter pour investir et mener une politique de relance de l’investissement qui à terme augmentera la croissance. Plan Junker, effet multiplicateur.

Argument n° 3
(annexe 5 + connaissances)
L’État peut aussi diminuer les impôts ou augmenter ses dépenses (aide aux ménages). Le revenu généré augmente la dépense globale, qui accroit la production qui augmente les revenus. D’où une hausse des impôts perçus qui sera utilisée pour rembourser la dette.
Actuellement en Europe, les politiques d’austérité menées par les Etats pour réduire la dette publique semblent limiter la croissance. Il faudrait peut-être ne pas chercher à limiter la dette publique.

 

Autre sujet avec corrigé plus détaillé  : 

A partir de vos connaissances et de l’annexe, vous argumenterez sur la question du chômage en France en vous demandant si le coût du travail explique seul le chômage ou si le chômage est aussi dû à d’autres causes.

 Annexe. La question de la flexisécurité

charge loi(…) Dans une tribune publiée dans Les Echos le 24 août, le Premier ministre avait déjà évoqué « une réglementation du travail devenue trop complexe ». Souhaitant laisser plus de « liberté aux entreprises et aux salariés », Manuel Valls entend « continuer de bâtir un modèle de ‘flexisécurité’ à la française ».

(…) La flexisécurité est une forme particulière d’organisation du travail : elle a pour objectif de donner à la fois davantage de libertés aux entreprises et une plus grande sécurité pour les salariés. Concrètement, il s’agit notamment de permettre aux chefs d’entreprises de « licencier plus facilement », explique Agnès Verdier-Molinié. En contrepartie, les « salariés sont bien indemnisés mais dans la limite d’un plafond ».

Les chômeurs sont suivis étroitement : ils ont « un vrai devoir de recherche » et « l’obligation d’accepter un ’emploi raisonnable’ », ajoute la directrice de l’Ifrap. « Les réformes allemandes sont calquées sur ce modèle, elles ont créé une obligation d’accepter l’emploi proposé sous peine de perdre une partie des indemnités chômage (30% puis 60%…). »

Si Agnès Verdier-Molinié estime que la flexisécurité permet de mettre fin à « la peur d’embaucher », d’autres, comme Gérard Filoche y voient « un jargon technocratique dont le but est d’enlever des droits aux salariés. »

C’est l’exemple le plus couramment cité lorsque l’on évoque la flexisécurité : le Danemark et son faible taux de chômage (6,2 % en juillet 2015 selon Eurostat) font figure d’exemple. « Après leur réforme du marché du travail, les Danois ont vu le taux de chômage passer de 10 à 5% au cours des années 90 », explique Agnès Verdier-Molinié.  (…)

LCP, le 30 octobre 2015

 

CORRECTION

Lecture du sujet : Il s’agit de parler du chômage en France, donc d’abord définir la chômage au sens du BIT. On doit aussi expliquer que le coût du travail explique en partie le chômage, mais on doit aussi trouver d’autres causes.

Hors-sujets possibles : Ici c’est le deuxième chapitre du cours  qui doit être utilisé, le travail précaire ou la pauvreté ne sont donc pas à aborder saut éventuellement pour une ouverture dans la conclusion. L’annexe parle de la flexi-sécurité, il existe aussi un risque à développer un commentaire de l’annexe alors que la flexi-sécurité oriente notre réflexion mais n’est pas le sujet de l’argumentation.

Brouillon organisé par idées  :

  1. Le coût du travail se compose non seulement du salaire mais aussi des charges sociales, ce coût doit être au moins égal au SMIC, ainsi le coût pour l’employeur est plus important que la rémunération perçue par le salarié.
  2. Si le coût du travail est supérieur au salaire d’équilibre alors l’offre de travail sera supérieure à la demande, le chômage apparaît donc. On pourrait en déduire que c’est bien le coût trop important du travail qui explique le chômage.
  3. Le chômage touche surtout les moins qualifiés qui sont aussi ceux dont la productivité est la plus faible. Le coût du travail explique donc que les employeurs refusent de recruter les salariés les moins productifs, ainsi un jeune sans expérience et sans qualification  connaîtra le plus souvent le chômage (taux de chômage de 25 % chez les jeunes, mais ceux qui ont un bac +2 sont beaucoup moins touchés).
  4. Les employeurs évitent aussi d’embaucher car les licenciements sont complexes et coûteux, ceci peut entrer également dans la notion de coût du travail.
  5. L’annexe nous parle d’un manque de flexibilité du marché du travail, l’ancien premier ministre Manuel Valls proposait d’alléger le code du travail. On sait que la flexibilité du travail consiste à adapter la force de travail aux besoins de l’entreprise, cela peut supposer  d’embaucher en cas d’augmentation de l’activité ou de recourir à des heures supplémentaires, de licencier ou de baisser les rémunérations en cas d’activité plus faible. Cela a des répercussions sur la sécurité de l’emploi et le texte parle donc de flexi-sécurité mais ce n’est pas là le sujet à traiter.
  6. Pour autant nous avons là une autre explication du chômage qui est la rigidité de ce marché du fait d’une réglementation importante.
  7. Un autre élément avancé est que certains demandeurs d’emplois ne cherchent pas activement un travail, il est donc question de supprimer les allocations pour ceux qui font le choix de l’allocation plutôt que le choix du travail.
  8. Il est donc question ici de réformer la réglementation du travail pour rendre le marché plus flexible, mais aussi de baisser le coût du travail ce qui suppose de réforme le financement de la sécurité sociale. Dans l’un et l’autre cas il s’agit d’agir contre le chômage structurel par des réformes. C’est là la position des Libéraux.
  9. Mais les Keynésiens disent que la principale cause du chômage est que les carnets de commande des entreprises sont vides. Les entreprises n’embaucheraient donc pas car la demande (globale) est trop faible et cette demande est surtout alimentée par la consommation des ménages. Le chômage conjoncturel est effectivement explicable par une mauvaise conjoncture économique.
  10. On pourrait encore trouver d’autres explications au chômage comme l’inadéquation de l’offre à la demande de travail puisqu’il existe non un mais des marchés du travail. Ainsi pour certaines spécialités les entreprises ne trouvent pas de candidats.

Structuration de l’argumentation.

Ces notes vont pouvoir être utilisées pour l’argumentation et replacées dans ses différentes parties. On doit déjà imaginer deux parties cohérentes : ici par exemple le sujet nous amène par facilité à présenter le  coût du travail comme cause du chômage, puis à en proposer d’autres causes.

Il  est possible aussi d’opposer le chômage structurel au chômage conjoncturel dont les causes sont différentes. Attention ne pas oublier d’expliquer chacun de nos arguments par exemple en les illustrant et il faut replacer le vocabulaire économique (d’où l’utilité du lexique à la maison).

INTRODUCTION

Accroche : On peut donner les chiffres du chômage en France, mentionner aussi l’importance du chômage des jeunes, évoquer les conséquences du chômage pour ceux qui le vivent (au choix, il s’agit là d’interpeller le lecteur sur l’importance du sujet).

Définition : C’est dès l’introduction que l’on doit définir les termes du sujet, ici on indique ce qu’est le chômage au sens du BIT, ne pas mettre de définition en introduction c’est déjà perdre au moins 1 point.

Problématique : Là, il faut reprendre le sujet sous forme d’une question. Le coût du travail en France explique-t-il seul le chômage ?

Annonce du plan : La première partie abordera l’influence du coût du travail sur l’emploi, nous verrons ensuite que d’autres facteurs peuvent expliquer le chômage en France.

I.  Le coût du travail

On explique le coût du travail selon l’idée 1 du brouillon : SMIC, salaire, charges sociales.

On démontre selon l’idée 2 que le coût du travail détermine l’offre et la demande de travail, qu’il existe un désajustement lié à ce coût qui conduit à une offre de travail excédant la demande d’où chômage.

On illustre dans les faits en mettant en évidence que le chômage touche ceux dont la productivité est faible au regard du coût de leur travail :  les moins qualifiée, voir idée 3.

On ajoute que la complexité du code du travail et le coût des licenciements sont des arguments supplémentaires pour expliquer le chômage selon le coût du travail, idée 4.

II.  D’autres causes du chômage   

On peut faire une transition sur la question de l’absence de flexibilité du marché du travail, en avançant l’idée 6, que l’on devra ensuite expliquer.

On définit donc la notion de flexibilité du marché à partir de l’idée 5.

Puis on démontre que la législation explique ce manque de flexibilité et suppose donc des réformes selon l’idée 8.

On illustre le fait que ces réformes devraient permettre de mettre fin au chômage structurel, par exemple avec l’idée 7 mais aussi l’idée 10.

On n’oubliera pas le chômage conjoncturel en opposant les explications des Libéraux et des Keynésiens sur les causes du chômage selon l’idée 9.

CONCLUSION

Synthèse : Là apparaît la réponse à la problématique posée en introduction. Oui le coût du travail explique en partie le chômage, particulièrement pour les demandeurs d’emploi les moins qualifiés, mais il existe aussi d’autres causes comme l’absence de flexibilité du marché du travail et aussi des causes liées à la conjoncture notamment en période de faible croissance économique (il faudrait que la croissance du PIB soit au moins égal à 2 % par an pour que les entreprises créent des emplois).

Ouverture : Ici on ouvre vers un sujet proche et lié à celui de cette argumentation. On peut par exemple montrer que la question posée doit trouver des solutions puisque l’une des caractéristiques du chômage français est un chômage à longue durée qui génère le phénomène d’exclusion.

Attention pour avoir un maximum de points il faudra bien distinguer deux parties en sautant des lignes, marquer des paragraphes pour chaque argument que l’on doit citer, expliquer, illustrer. Pour chaque partie il faudra aussi trouver au moins deux arguments.

 

Autre sujet (sans corrigé) : 

Rédigez une argumentation qui permette de répondre à la question suivante :

En France, le système des prélèvements obligatoires contribue-t-il à la réduction des inégalités de revenus ?

Annexes :

Annexe 1 : Évolution des revenus en France depuis 2008.

Annexe 2 : Les inégalités diminuent en France en 2013.

Annexe 3 : Barèmes de l’impôt sur le revenu.

Annexe 4 : Le système socio-fiscal français est-il vraiment redistributif ?

Annexe 5 : Ventilation des prélèvements obligatoires en France en 2013.

Télécharger (eco-argu-eco-2016-polynesie-annexe.docx)

 

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